un bijou-fleur sucré

Première utilisation des nouvelles dentelles teintes : le lien d'attache de ce collier est une bande de baptiste brodée que j'ai passée dans ce vert/jaune qui fait mes délices... d'où l'idée spontanée de sucre et de bonbon!

Le reste, vous connaissez déjà: les fleurs que je fabrique à partir de lin blanc ( je le répète constamment, car à La Perrière les visiteurs croyaient souvent que j'achète des tissus de couleur et que je taille les fleurs dedans; dans notre monde de consommation on est tellement habitués à des choses toutes prêtes, pré-formées, en kit même, surtout dans le textile ... ) en lin blanc donc, découpé en pétales, en feuilles, en tiges ... puis cousu et peint, au pinceau, de deux couches au moins de couleurs.

Je vais développer quelque-chose ici, héhé j'en profite puisque j'ai la parole !

Quand on connait un peu l'histoire du textile, on sait à quel point celui-ci, durant des millénaires, fut précieux, rare, objet de soins, sacré même parfois. On le ré-utilisait selon une longue chaîne  de plus en plus ténue, afin que rien n' en soit perdu, il passait de main en main, en de multiples utilisations, jusqu'à ce qu'il n'en reste rien du tout. C'est d'ailleurs pour cela que le textile ancien est plutôt difficile à trouver.

Maintenant, c'est devenu tellement ... banal, et je le ressens dans mon travail . Le textile n'est souvent pas vu, pas regardé,  c'est un matériau qui fait partie de la consommation usuelle.

J'ai remarqué, souvent, quand j'expose,  que pour des personnes non averties, la notion d'art textile même est encore souvent incompréhensible. (Surtout quand il ne s'agit pas de conceptuel monumental, mais rassurez-vous je ne vous ressers pas mon discours sur le sujet!)  

Du coup, j' explique ma démarche, de ma façon de procéder, et peu à peu je vois les regards s'éclairer et l'étonnement naître dans les yeux ... eh oui, c'est beaucoup moins criant que pour la peinture, mais il y a du savoir-faire, du travail, de la réflexion, une gestuelle, un engagement, etc. 

Je vous dis ça à vous qui visitez ce blog, mais je sais bien que vous le savez déjà ( sinon vous ne prendriez pas la peine de venir, ce dont je vous remercie du fond du cœur, car vos visites et commentaires m'encouragent réellement, au jour le jour ). Etre sensible à l'art textile, c'est un pas de plus vers l'art, à mon avis, car c'est moins facile d'accès ... ça demande de prendre du recul, une certaine culture absolument, savoir faire la part des choses, reconnaître les techniques et leur utilisation... bref tout le monde ne le fait pas, loin de là, et j'en profite pour vous féliciter de faire cette démarche -là, et vous pencher sur tout ça avec intérêt et /ou curiosité.

Pour en revenir à mon bizou bijou  sucré, je me lance aujourd'hui même dans une petite série qui mixera le style de celui ci-dessus et celui d'hier, l'indigo. A moins que ça n'évolue en cours de route, ce qui est envisageable aussi. 

Et vous retrouverez tout ça sur ma boutique Etsy , si ça vous chante.

Comments

[Anne]

Tout m' intéresse dans cet article, et je ne peux tout reprendre

-Je suis avec un ami peintre, très connaisseur en art, et on discute beaucoup de l'art; j'ai de la chance: il comprend ce que c'est que de peindre et créer avec du tissu (il me pousse aussi!), mais la notion art-artiste et artisanat est plus subtile; la peinture est pour un peintre un art supérieur, car il traîne avec lui une histoire, une culture et il est porteur de sens -ce que les gens oublient ; même l'abstraction. Un grand peintre met du sens dans le geste...et trouve juste "mignon, beau" l'art textile....C'et l'objet d'un débat enrichissant comme tout débat.

-ensuite, la fleur textile est sans doute un de mes premiers amours: ma mère avait deux bjoux de fleurs minuscules, crochetées, ravissants et elle me les prêtait; ils me fascinaient; ils lui venaient de sa famille, ils étaient armés et très anciens; on pouvait les modeler, les remettre en forme; je ne peux dire de quel fil ils étaient faits; c'était entre la cordelette et le raphia.....;puis, rouillé, le fer a cassé et j'ai vu ces 2 bijoux se défaire peu à peu...La fascination est restée ; je la retrouve ave c ton bijou si léger, féérique, délicieux; c'est une nouvelle merveille sortie de tes mains...;une sorte de rêve!! bon week-end à toi, n'oublie pas de rêver et de danser sur un fil!

[YORKETTE]

Une extrême finesse et délicatesse (y)

[Plumes d Anges]

C'est d'une délicatesse ! Ton choix de couleurs m'enchante, c'est beau de transformer ainsi de "simple" étoffes en un divin jardin, bravo ! À bientôt. brigitte

[ange porte 33]

Je n'ai pas appris la couture.... je suis novice dans l'âme mais j'apprends tous les jours.... et ce n'est pas toujours facile d'expliquer pourquoi on coud et pourquoi on a telou tel univers .... souvent, les gens ne votent pas le travail qui a derrière, le temps que l'on prend pour faire quelque chose ! Ce que j'aime s'est d'embarquer les gens dans mon monde et qu'ils me disent , on s'y sent bien dans votre monde ! Ce n'est pas de la prétention, c'est de la fierté. Fière de leur avoir ouvert les yeux sur la complicité des choses et le pouvoir de détourner aussi.... je ne sais pas si je m'explique bie. Mais je me retrouve beaucoup dans ton billet ..... j'adore tes fleurs qui ressemblent un peu aux bijoux que je fais mais que je ne montre jamais !!! As tu trouver BGG?

Pardon d'avoir joué ma pipelette.....

[Guigu Nany]

La couleur mauve pâle ( c'est comme ça que je la vois) atténue le vert et je trouve que c'est joli et frais.

C'est bien que tu exprimes ton ressenti sur l'art du textile et comment il est perçu. Les tissus, j'ai grandi dedans, maman était couturière. Mais surtout, ma fille a fait des études d'art du textile et je me suis passionnée pour ce qu'elle faisait, je m'y suis intéressée....

Et puis, des vieux tissus qui devenaient chiffons on faisait du papier... et ça me parle aussi ;-)