entre moutons et champignons
J'ai plusieurs occupations en ce moment - couture, ( la veste, le Livre du Ruisseau) pâtisserie vegan, ainsi que des projets qui devraient me tenir en enthousiasme ... mais la seule qui me satisfasse réellement, ce sont les balades enchanteuses.
Je vous avouerai que ma dernière "expo", celle du WE dernier, m'a plongée dans une lassitude profonde concernant le fait de montrer mon travail. Les conditions étaient rustres. J'étais installée dans un coin sombre, mes créations entassées sur deux pauvres tables. Heureusement que j'ai acquis au fil du temps une philosophie salutaire concernant tout ça : à mon grand soulagement j'ai pris ça avec humour et détachement, d'autant plus que j'ai vu beaucoup de personnes que j'aime, et que j'ai fait de belles rencontres (Christophe, Lucie, Marianne ...) Mais tout de même, la morale de cette histoire c'est que c'est terminé.
J'aime toujours autant coudre et créer dans ce domaine. En ça, je continue. Et je continue aussi de vous les montrer, pas de problème là-dessus. Mais je n' exposerai plus comme ça. C'est ridicule, inutile, inefficace. Je me fais la promesse de me respecter, de respecter mon travail et mon parcours artistique. C'est-à-dire que je n'exposerai plus que lorsque je serai sûre et certaine de la cohérence de la chose, et encore, après une profonde réflexion.
Je ressens le besoin de travailler pour moi, d'explorer tranquillement les aspects qui m'intéressent. Je refuse de suivre le trajet que d'autres suivent et qui serait devenu une norme, un exemple à copier. Je veux inventer ma propre ligne de conduite, hors des sentiers battus. Je veux me donner le droit, si je le ressens ainsi, d'essayer quelque-chose qui pourra paraître inutile parce qu'inusité. Je veux me donner le droit de ne pas glisser sur des rails qui sont faits par et pour d'autres. Et surtout, je veux garder le droit de ne rien montrer de ce que je pourrais faire. Je n'ai jamais eu peur de payer le prix fort pour rester authentique, et je continuerai.
D'ailleurs, je remarque que chaque fois que je me "force" à aller dans une direction qui d'avance me paraît pourtant vaine (ceci afin d'avoir un parcours qui semble actif), je n'ai comme résultat que frustration et perte de temps. Je sais que beaucoup d'autres artistes ressentent ça également. Si nous arrivions à garder le cap de notre voix intérieure, peut-être réussirions-nous à créer globalement d'autres conditions plus aisées vis-à-vis des artistes dans ce système. C'est à nous d'avoir cette force d'imposer, tranquillement, ces circonstances qui n'ont rien à voir avec la rentabilité, les résultats. Nous sommes là pour rendre témoignage d'autre chose : la subtilité des émotions, la force de l'imaginaire , etc, et non pas pour être des commerçants ni des participants du développement économique! et c'est pourtant ce qu'on nous demande perpétuellement, insidieusement, en tentant de nous entraîner malgré nous dans ce dédale irrespirable, et dangereux pour notre santé créative.
Donc voilà, je fais ce choix de m'en extraire (une nouvelle fois), quitte à disparaître artistiquement du paysage.
Une nouvelle image de paysage, justement, pour finir sur une note douce.
Quelle merveille, cette année, que cette abondance de pommes, poires, champignons ... !